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( mai et juin 1581), qui aggrava les formulaires d’excommunication et les censures. Guillaume lui-même, après avoir énergiquement, mais vainement protesté contre la violation des traités, après avoir manifesté sa réprobation de toutes les manières, par ses actes, par ses paroles et par ses écrits, finit par garder le silence. Il laissa passer loin de lui ce souffle de haine il souffrit ces violences qu’il détestait, mais qu’il ne pouvait plus arrêter.

Cependant, le duc d’Anjou se préparait, avec plus d’ardeur que de réflexion, à venir prendre possession de sa nouvelle souveraineté. Il rassemblait à grand bruit des troupes, se formait un cortège de jeunes et brillants seigneurs ; il savourait à l’avance ses triomphes aux Pays-Bas dans les applaudissements des courtisans et les vers des poètes[1] ; il partait enfin de Château-Thierry à la tête de quatorze mille hommes ; il s’avançait vers Cambrai, que le prince de Parme tenait depuis un an bloqué. A l’approche du duc d’Anjou, l’archiduc Mathias, qui portait depuis la pacification de Gand le vain titre de gouverneur général, déposa entre les mains des états les pouvoirs qu’il avait reçus d’eux sans en avoir fait aucun usage, et rentra en Allemagne. Alexandre Farnèse leva le siège de Cambrai ; les Français y entrèrent, le 18 août 1581 ; la ville, qui avait

  1. Voir, entre autres, les eglogues de Ronsard et les Œuvres poétiques et chrétiennes de G.-D. Salluste, seigneur Du Bartas, prince des poètes français. Genève, 1632.