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obre 1581 fut le triomphe de l’esprit zélateur des théologiens calvinistes et des prédicateurs devenus tout-puissants sur les multitudes, dont ils avaient su, dès le commencement de la guerre, enflammer les passions et exciter les haines. Leur parole enthousiaste avait produit de tels effets, leur concours avait si puissamment aidé les chefs militaires et politiques du soulèvement, qu’il n’était pas possible, après une victoire où ils avaient eu tant de part, de les écarter tout d’un coup et de leur en refuser le prix. Or, ce prix, pour des hommes violents ou grossiers, incapables de concevoir une autre satisfaction que celle de la vengeance, c’était, après avoir été opprimés et persécutés, d’opprimer, de persécuter à leur tour ; après avoir été errants, proscrits et gueux, de s’emparer des dépouilles et de jouir des biens de leurs adversaires. Pendant que les hommes véritablement évangéliques, les esprits élevés de la Réforme, les

    leur devoir d’employer leur puissance pour avancer la vraie religion. La contrainte de la conscience est la source du pouvoir papal ; il n’y a point de religion, quelque exécrable qu’elle soit, qu’on ne puisse introduire par un tel moyen ; mais nous ne saurions consentir à aucune violence en matière de religion. Nous permettons aux savants d’écrire contre les erreurs, mais nous protestons en même temps que nous ne procéderons jamais contre aucun hérétique, en vertu des censures ecclésiastiques ou du jugement des savants. Nous sommes aussi fort surpris de ce qu’on a défendu les livres hérétiques et de ce qu’aucun livre ne doit être publié sans privilége comme cela se pratiquait du temps des inquisiteurs. La liberté a toujours consisté à parler librement, et l’on a toujours regardé la pratique contraire comme une marque de tyrannie. La raison, qui est l’ennemie de tous les tyrans, nous enseigne qu’il n’est pas possible de supprimer la vérité, non plus que la lumière. » Brandt, liv. XIII.