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esprit d’ordre qui semblait se préoccuper uniquement, dans des circonstances aussi extraordinaires, du soin de mesurer les dépenses aux revenus, une sagesse méticuleuse enfin qu’il lui fallait combattre incessamment, par la ruse encore plus que par la force.

Par une inconséquence étrange, cette bourgeoisie, si défiante envers le prince d’Orange et si inquiète de lui voir prendre trop d’ascendant, ne rejetait pas à beaucoup près d’une manière aussi absolue l’autorité d’un fils de roi. Guillaume le comprit, et ce n’est pas une des moindres marques qu’il donna de sa pénétration. Malgré l’illustration de sa race, il ne sentait pas en lui ce caractère royal qu’il croyait nécessaire pour commander à une génération dont les vertus étaient républicaines, il est vrai, mais dont les habitudes d’esprit étaient monarchiques : contradiction qui se rencontre fréquemment, avec beaucoup d’autres, dans la vie des hommes et des peuples, et qui ne doit pas trop nous étonner au seizième siècle surtout, où la renaissance des lettres païennes et la réforme du dogme chrétien suscitaient à la fois, dans l’esprit humain, des retours vers le passé et des élans vers l’avenir si incohérents, si passionnés, si multiples.

Malgré les tentatives de ses partisans, les écrits, les discours de ses amis qui parlaient ouvertement de la nécessité de lui conférer une dictature romaine, Guillaume continuait, à travers des obstacles toujours nouveaux, les négociations avec le duc d’Anjou. Il