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server le pouvoir et, dans la pensée de rendre ce pouvoir héréditaire, ils l’avaient même invité à faire venir auprès de lui son fils Maurice. Quelques années plus tard, lorsque, à la suite de nouveaux dissentiments, le prince d’Orange proposait aux états d’élire le duc d’Anjou, en leur montrant la nécessité de transférer la souveraineté à un prince plus puissant, plus capable que lui de se faire obéir, il se fit encore dans les esprits une réaction très-vive en sa faveur. D’un accord unanime, on refusa de se mettre sous la domination d’un prince étranger. Dans la séance du 24 juillet 1S81, le prince d’Orange fut reconnu, par la noblesse et par les villes, comme représentant la magistrature suprême et la souveraineté des comtes de Hollande. Seulement, afin de ne pas alarmer prématurément les autres provinces de l’Union et les villes de la Belgique, plus favorables au duc d’Anjou, on convint de tenir cette résolution secrète et de ne pas s’opposer ouvertement aux négociations entamées avec la France.

On le voit, ce n’était pas seulement avec Philippe II et avec les princes étrangers que Guillaume de Nassau avait besoin de faire le renard[1], mais dans son propre pays, au milieu des siens, avec ceux-là mêmes qu’il travaillait à affranchir. Après avoir eu à lutter avec l’astuce monacale de Philippe II, il rencontrait maintenant dans les états une prudence à courtes vues, un

  1. « Bisogna adunque essere volpe e lione. » (Machiavelli.)