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veraineté de la Flandre occidentale et l’Artois, son seul fief français[1] ; ceux-ci, de leur côté, tournaient leurs regards vers la France, comme vers une alliée naturelle que le sang et la religion engageaient à les secourir. On connaissait à la cour les menées de Philippe II avec les Guises ; on était irrité du massacre de plusieurs Français à la Floride ; la mort de madame Élisabeth de France, dont on accusait publiquement le roi d’Espagne, avait allumé dans les cœurs de vifs ressentiments. Dans ces dispositions, Charles IX, aussitôt la paix faite avec les huguenots, en 1570, avait désiré voir Louis de Nassau, qui s’était extraordinairement signalé pendant la dernière campagne, et dont le mérite lui était connu. Le comte Louis de Nassau, régent pour son frère de la principauté d’Orange, était venu sous un déguisement à Limoges, puis à Fontainebleau, puis à Blois, ou il avait été comblé de caresses. Ses longs et intimes entretiens avec le roi avaient porté leurs fruits. Sachant bien qu’il n’avait rien à attendre des inclinations de

  1. Estienne Pasquier écrivait vers le même temps « Si nous estions bien advisez, il y aurait maintenant matière de le réunir au nostre ( l’Estat de Flandre ) pendant ces divisions : mais la folie de ceux qui pensent estre les plus sages ne le permet pas. Nous le recognoissons estre de l’ancien estoc et domaine de nostre couronne il est, si ainsi me permettez de le dire, aux portes de nostre ville de Paris, et, par manière de dire un faux-bourg. Toutefois, jamais ne s’est préparée occasion pour le recouvrer, que nous ne l’ayons laissée eschapper pendant que, par discours fantasque, nous amusons à la conqueste d’Italie que nature a séparée d’avec nous de mœurs, de langues et d’un haut entrejet de montaignes. » (Lettres d’Estienne Pasquier, livre V, lettre i.)