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ment plus encore que l’idée, le cœur plus que la raison, étaient intéressés dans cet immense débat, paraître sur la scène politique et jouer un rôle important dans la grande tragédie du siècle[1].

Après l’abdication de Charles-Quint et le partage de ses États, la maison de Habsbourg perdit la suprématie presque absolue qu’elle avait exercée sur les affaires de l’Europe. La branche autrichienne, serrée de près par le protestantisme allemand, essaya presque toujours de composer avec lui et de prendre entre les deux camps le rôle de médiatrice. Le roi d’Espagne, au contraire, se prononça plus résolument encore que ne l’avait fait son père pour le catholicisme ; il soutint des guerres désastreuses, prodigua ses trésors et le sang de ses peuples. Bientôt il représenta seul en Europe, et maintint avec plus d’énergie que bien des papes, le principe absolu de l’Église romaine et l’intégrité de la foi.

Entre l’Espagne, ardent champion du dogme catholique, et l’Allemagne, qui s’animait de plus en plus à la défense de la Confession d’Augsbourg ; entre la Rome antique, sacerdotale, papiste, et cette Rome nouvelle, réformée et républicaine, que Calvin édifiait à Genève, la France se trouvait vivement sollicitée et pa-

  1. « Nous allons voir bientôt le commencement d’une grande tragédie », avait dit en 1555 le prince d’Orange, dans le conseil de la gouvernante des Pays-Bas, en apprenant que Philippe II exigeait la publication des décrets du concile de Trente. (Groen van Prinsterer, Archives de la maison de Nassau. T. V, p. 295.)