par la contradiction, les croyances surnaturelles et les passions religieuses qui s’endormaient au sein d’une sécurité trop longue ; ils retrempèrent dans tes eaux amères et fortes de la source hébraïque les enseignements d’un Évangile qui s’était amolli, en passant par les lèvres du doux génie d’Athènes et de Florence. La dualité se fit dans l’unité chrétienne. Le foudre de l’hérésie triomphante frappa le faîte de l’Église et déchira le voile du sanctuaire. Alors, la chrétienté en stupeur vit apparaître, aux grondements de l’orage, à la lueur d’éclairs sinistres, deux Christs armés l’un contre l’autre, courroucés, irréconciliables : deux fils de Dieu, deux Rédempteurs du monde, acharnés à s’entre-détruire. Le Christ germanique versa l’ironie et l’opprobre sur le Christ latin ; le Christ latin lança l’anathéme sur le Christ germanique. Les nations et les princes se rangèrent, selon leurs instincts ou leurs calculs, à la suite de l’une ou de l’autre de ces divinités ennemies.
Le plus puissant souverain de la chrétienté prit parti pour le Christ des Latins. Par la condamnation de Luther à la diète de Worms, l’empereur Charles-Quint engagea la maison d’Autriche sous la bannière de Rome. Les princes de la Confédération germanique embrassèrent la cause opposée et formèrent à Smalkalde la première ligue armée contre l’empire. Peu à peu l’Europe entière fut entrainée dans la lutte, et l’on vit pour la première fois les peuples, beaucoup plus émus que ne l’étaient les grands, parce que le senti-