Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sources inépuisables pour tous ses besoins. L’industrie de ce peuple attirait à soi l’abondance ; son génie transformait en richesses jusques aux calamités de la guerre. Au sein de ce petit État en proie à tant de maux, tout respirait la confiance et la vie la liberté de l’esprit y soutenait la hardiesse des cœurs et faisait ces prodiges[1].

Henri III écouta gracieusement le chancelier de Gueldre. Il remercia les provinces de ce qu’elles avaient fait pour son frère, de ce qu’elles faisaient maintenant pour lui-même ; mais comme il s’agissait d’une chose de très-grande importance, il était nécessaire, leur dit-il, qu’il en délibérât en son Conseil. Les délibérations de Henri III durèrent plusieurs semaines. On était aussi partagé à la cour de France sur l’acceptation où le

  1. « De cette furie de la guerre, comme une thériaque très-salutaire au venin des vipères, à la conservation du corps humain, les Provinces-Unies avaient puisé des trésors et des richesses pour leur défense. Mais aussi, d’autre part, les provinces de la domination espagnole s’affaiblissaient de jour à autre ; les campagnes étaient changées en déserts, les villes en cimetières, ou plutôt en repaires de bêtes sauvages et en spelonques de brigands ; la cherté du blé y était si extrême, que le boisseau valut cette année-là jusqu’à 33 livres ; la nécessité contraignit plusieurs riches bourgeois de mendier leur pain ; les os des puants fumiers, les raclures des naveaux, les charongnes même servirent de viandes à quelques-uns ; les chiens, animaux familiers et domestiques de leur nature, devenus sauvages et enragés, couraient les campagnes désertes à grandes troupes, assaillant hommes et bêtes : les loups multiplièrent tellement en Flandres et en Brabant, qu’ils faisaient comme une double guerre aux habitants, si qu’à deux lieues à la ronde de Gand plus de cent personnes en furent dévorées, » (LAPIZE, 4o partie. )