Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tude en tombant qui les recevrait dans ses bras, » il ne fallait-pas, disait Mendoza, recevoir ces mutins insolents qui mettaient comme à l’enchère le patrimoine du roi Philippe ; il ne fallait pas prêter l’oreille à ces hérétiques, ni souffrir qu’ils vinssent « exposer leur marchandise contagieuse » dans un royaume qui n’était que trop disposé à l’accueillir. Mais le roi de France avait répondu de manière à fermer la bouche à Mendoza. Avec cet accent de dignité royale qui relevait parfois ses discours, mais que malheureusement on ne retrouvait plus dans ses actes, Henri III dit à l’ambassadeur d’Espagne qu’en donnant audience aux envoyés des Pays-Bas il recevait, non des rebelles, mais d’anciens sujets de son empire qui venaient y chercher protection. La France avait toujours été, observa le roi, un asile ouvert aux malheureux ; et « ce n’était pas la coutume des rois chrétiens de refuser d’entendre les suppliants. » L’accueil que Henri III fit à l’ambassade des Provinces-Unies fut conforme à ce que faisaient présager de telles paroles. D’ailleurs, le discours que lui adressa, au nom de l’Union, le chancelier de Gueldre, était de nature, non-seulement à satisfaire sa politique, mais encore à flatter singulièrement l’orgueil royal. « Nous venons, disait le chancelier, supplier Votre Majesté de réunir pour toujours à la couronne les Pays-Bas, ce berceau de l’ancienne monarchie française. Faites-nous l’honneur, Sire, de nous recevoir sous votre obéissance. Joignez la France des peuples qui ne fe-