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gagné dans cette longue guerre, après tant de victoires, sinon de voir venir aux Pays-Bas des armées plus nombreuses et de reconnaitre, après beaucoup de sang versé, que l’on n’était pas assez fort pour une lutte si inégale ? Le chancelier Liefvefdt, après avoir longuement développé ce thème, termina son discours en rappelant aux Bataves l’exemple de Civilis forcé de se soumettre et d’implorer la clémence de l’empereur romain. Mais personne, dit Strada, n’approuva ces choses, et peu de jours après (3 janvier 1585), une ambassade de quinze personnes des plus considérables dans les Pays-Bas partait de La Brille, sur quatorze vaisseaux de guerre, pour aller offrir à Henri III la souveraineté des Provinces-Unies.

Le prince d’Espinoy, qui s’était retiré en France pour ne pas assister au triomphe des Espagnols et à la défection de la noblesse wallone, fut prié par les États de se joindre à l’ambassade, et le 13 du mois de février les députés des Provinces-Unies parurent devant le roi. Henri III avait voulu qu’ils fussent reçus dans son royaume avec de grands honneurs. Il les avait fait traiter magnifiquement et les envoya chercher à Senlis dans ses carrosses, au vif dépit de l’ambassadeur d’Espagne. Bernardin de Mendoza, d’après les instructions de Farnèse, avait mis tout en œuvre pour détourner Henri d’accorder une audience aux envoyés des Pays-Bas. Tout en affectant de parler d’eux avec dédain, comme de gens « qui se mouraient et regardaient avec inquié-