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la Réforme, qui repoussaient avec horreur le libertinage et le papisme de la cour des Valois et qui voulaient, par des motifs purement religieux, qu’on s’appuyât sur Élisabeth, le trône vacant bientôt peut-être et la succession incertaine qui pouvait échoir à la papiste reine d’Écosse ou bien à son fils en bas âge. Ces considérations, mais par-dessus tout les instances des députés de Flandre et de Brabant, qui suppliaient au nom de leurs provinces, à peu près envahies, qu’on les sauvât de la ruine en reconnaissant Henri III, prévalurent dans l’assemblée des États-Généraux. Ils parurent disposés à faire au roi de France des concessions beaucoup plus larges que celles qu’ils avaient faites au duc d’Anjou, non-seulement parce que leur situation était plus mauvaise et leur espérance abattue depuis la mort de Guillaume, mais encore parce qu’ils croyaient devoir un hommage plus grand, en la personne de Henri III, à cette Majesté royale que les républicains du seizième siècle n’avaient pas encore appris à regarder sans trouble face à face. On décida d’envoyer à la cour de France une ambassade.

Comme on en était là, un envoyé d’Élisabeth, Robert Davidson, parut inopinément dans l’assemblée (8 décembre 1584). La reine suivait depuis quelque temps avec inquiétude les progrès de la négociation des Provinces-Unies avec la France. Elle n’osait pas s’en plaindre, car elle n’avait pas résolu encore d’offrir à la République une assistance ouverte. Elle dissimulait, temporisait ; et, pour mieux cacher son déplaisir, elle