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trahison[1] », ni ourdir d’autre trame que la délivrance de sa patrie. Et, dans l’accomplissement de cette entreprise périlleuse, il marcha tête levée, prudent, circonspect, impénétrable, il est vrai, mais toujours droit, fidèle et magnanime.

Il serait excessif et partial de considérer le prince d’Orange comme l’auteur du soulèvement des Pays-Bas, et comme le créateur de la République. Le soulèvement fut spontané, national et populaire ; la République était fondée de temps immémorial dans les institutions et dans les mœurs, quand le prince d’Orange la révéla à elle-même en faisant prononcer la déchéance du pouvoir royal. Mais Guillaume de Nassau fut de son vivant, et il reste pour la postérité la personnification éclatante de ce soulèvement, auquel il donna la consistance et la durée ; il rendit sacré et indissoluble, en le trempant de son sang, le lien qui unit les peuples bataves. Beaucoup plus homme d’État que zélateur de la religion, en cela très-différent de Coligny, de Philippe II, son royal adversaire, et même de Cromwell, auquel on l’a comparé, il dédaigna cependant toujours d’user d’hypocrisie. S’il devint calviniste dans son âge mûr, après avoir été catholique, puis luthérien, dans son enfance et dans sa jeunesse, ce fut avec sincérité, mais beaucoup moins par esprit de secte que par patriotisme, et pour donner des gages plus forts à la cause nationale. Il pensait,

  1. Apologie du prince d’Orange, p. 118.