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je voudrais planter un poignard au cœur du prince d’Orange ! —— Ce n’est pas à un homme comme vous à tuer les princes », lui répondit un des assistants, d’un ton de mépris. Mais Gérard ne se laissa point détourner par ces paroles dédaigneuses, et, trois ans après, au mois de février 1582, ayant entendu publier le ban du roi Philippe, il partit pour Luxembourg, avec l’idée bien arrêtée de se rapprocher des lieux qu’habitait Guillaume, et de préparer l’exécution de son dessein. Arrivé à Luxembourg, il y apprend l’attentat de Jaureguy, et, comme on croyait généralement que le coup avait réussi, il entre au service d’un de ses parents, nommé Jean de Pré, secrétaire du comte de Mansfeid. Un peu plus tard, lorsqu’il connut que Guillaume n’avait pas été mortellement atteint, il revint à son premier projet, et cette fois il voulut le communiquer à un prêtre afin de s’assurer qu’il lui était inspiré par l’esprit de Dieu. Gérard se rendit a Trèves où les jésuites avaient une maison renommée, un tribunal de pénitence où l’on venait de toutes parts exposer les cas de conscience difficiles. Le père auquel Gérard fit sa confidence l’accueillit favorablement[1],

  1. J’ai suivi ici la Relation publiée à Delft, en 1584, par ordre des états généraux. Dans la Confession manuscrite de Balthazar Gérard, acquise récemment par les archives de Bruxelles, l’assassin dit au contraire « Et s’efforça ledict père jésuite de m’oster de teste ceste mienne délibération pour les dangers et inconvénients qu’il m’allégoit en pourroient survenir… disant au reste qu’il ne se mesloit pas voluntiers de telz affaires. » Mais la valeur de ce document, en tant que pièce originale, est contestée, et l’on y voit d’un bout à l’autre l’intention évidente de disculper le prince de Parme et les pères jé-