Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duc d’Anjou pour tâcher d’obtenir de lui la remise des places que tenaient les garnisons françaises.

Les états généraux étaient dans la perplexité la plus grande. Le roi de France s’efforçait de les réconcilier avec le duc d’Anjou, attribuant sa faute à « un moment de délire. » Les envoyés français priaient qu’on excusât le prince, en considération de sa jeunesse et de ses mauvais conseillers ; ils mêlaient à beaucoup de promesses quelques menaces. De son côté, Élisabeth, qui s’offrait aux états comme médiatrice, les engageait à ne pas se montrer intraitables envers le frère d’un roi si puissant et si voisin.

Il importait de prendre vite un parti ; l’on n’en voyait aucun toutefois qui n’eût des inconvénients graves ; d’ailleurs, les esprits étaient plus divisés que jamais. Les malcontents, les espagnolisés, comme on appelait alors les seigneurs de la faction opposée au prince d’Orange, ne cachaient plus leur dessein de se remettre sous l’obéissance du roi Philippe. Les bourgeois, sans être favorables à l’Espagne, se laissaient emporter à la haine contre les Français. La plupart, soupçonneux, découragés, ne proposaient aucune mesure et les rejetaient toutes. Plusieurs étaient d’avis que l’indépendance et le gouvernement séparé de la Hollande et de la Zéelande ayant provoqué l’irritation du duc d’Anjou, c’était de ce côté que devaient venir les premières démarches pour se rapprocher de lui. Mais ces provinces, toujours fières et résolues, confiantes en leur droit et en leur Dieu,