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mille ducats pour avancer le succès de l’entreprise[1].

Les soucis et les afflictions ne manquaient pas, on le voit, au prince d’Orange. Un coup plus rude encore allait lui être porté, et celui-là parti du côté même où il avait cherché pour son pays assurance et protection. Le duc d’Anjou le trompa et trahit ses serments. Ingrat envers le peuple qui l’avait appelé, bassement jaloux du pouvoir et de la popularité de Guillaume, ennuyé déjà d’un rôle qu’il avait si fort convoité, circonvenu par d’indignes favoris, François de Valois se laissa pousser par eux à une entreprise détestable, et perdit en quelques jours son honneur, son prestige royal et la grande situation que la politique du prince d’Orange lui avait faite. Cette situation eût paru assez belle à tout autre. Guillaume n’avait rien négligé pour disposer en faveur du duc d’Anjou l’esprit des grands et du peuple. Les états lui avaient accordé, comme nous l’avons vu, l’exercice public du culte catholique et lui donnaient un subside annuel de deux millions quatre cent mille florins. La noblesse wallone, satisfaite de voir à sa tête un prince de maison régnante et de religion catholique, et qui avait craint un gouvernement populaire entre les mains du prince d’Orange, se groupait autour de lui ; il se voyait à la tête d’une belle armée que venait de lui amener le maréchal Biron, avec laquelle il pouvait espérer de chasser les

  1. La Pise, ive partie, p. 527.