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guerre et de paix, défilèrent devant le trône ; les hérauts crièrent largesse, et le nouveau souverain fit sa joyeuse entrée par la porte de l’Empereur. Il marchait sous un dais en drap d’or que portaient les principaux de la cité ; il s’avançait lentement, suivi des confréries de l’arc, de l’arbalète et de l’arquebuse, qui lui formaient une sorte de garde du corps, à travers une foule de peuple, accourue des campagnes pour voir ce fils de France qu’on lui annonçait comme un libérateur. Assise sur le char d’alliance, la Pucelle d’Anvers vint au-devant de lui avec ses compagnes ; les rues étaient tendues d’étoffes précieuses et de belles tapisseries ; les fenêtres et les balcons pavoisés, ornés d’emblèmes, de devises ingénieuses[1] ; le canon des remparts, les salves de la milice et les allègres volées des cloches flamandes retentissaient incessamment ; l’air était ébranlé de cris de joie.

Le 15 du mois suivant, l’exercice de la religion romaine, suspendu à Anvers depuis huit mois, à la suite de troubles survenus à l’occasion des cérémonies extérieures du culte, y fut rétabli ; on remit en liberté les évêques de Bruges et d’Ypres, depuis trois ans prisonniers. Le magistrat fit une proclamation pour rendre aux catholiques l’église de Saint-Michel et la libre pratique de leur religion, à la seule condition qu’ils abju-

  1. Les médailles frappées à cette occasion représentent, d’un côté, l’effigie du prince, de l’autre, un soleil levant qui dissipe des nuages, avec cette légende : Fovet et discutit.