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vant son jeune souverain dans tout l’éclat de sa magnificence traditionnelle. Vingt, mille bourgeois armés, superbement vêtus, se rendirent à quelque distance de la ville, au-devant du duc d’Anjou, et le conduisirent avec solennité jusqu’à une estrade dressée près de la citadelle, sur laquelle on avait placé un trône et où l’attendaient debout les députés des états. Le chancelier de Brabant lut au prince, en flamand d’abord, puis en français, les conditions auxquelles on le reconnaissait comme souverain il lui présenta le livre des Évangiles. François de Valois, levant la main, jura, selon les anciennes formules, qu’il serait fidèle aux lois du pays ; « qu’il ne gouvernerait pas suivant sa volonté, mais suivant le droit et la justice[1]. » Une longue acclamation répondit à ce serment ; le duc d’Anjou fut salué duc de Brabant et marquis du Saint-Empire. Le prince d’Orange, en sa qualité de premier baron de Brabant, s’avança alors ; il plaça sur les épaules du duc le manteau de velours cramoisi doublé d’hermine ; sur sa tête, le chapeau des anciens ducs[2] ; le bourgmestre lui remit les clefs d’or de la ville que le duc lui rendit aussitôt, en le priant de les bien garder. Les députés des états, le conseil, tous les magistrats, tous les officiers de

  1. « C’est là un exemple remarquable, dit Leclerc (Histoire des Provinces-Unies), que rien n’est moins assuré que les lois par les serments des princes. »
  2. On raconte que, le prince d’Orange s’apprêtant à attacher l’agrafe du manteau « Laissez-moi faire, lui dit le duc en le repoussant, je l’attacherai si bien moi-même, qu’il ne m’échappera pas. »