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célébrer cette union imaginaire. Les députés des états et le prince d’Orange se rendirent à Flessingue pour attendre le prince plus de six semaines avant son arrivée. Deux fois Guillaume et le prince d’Espinoy s’avancèrent en mer à sa rencontre, sans qu’il parût. A la Un, pourtant, lassé des interminables délais d’Élisabeth et pensant que son inauguration comme souverain des Pays-Bas ferait quelque impression sur l’esprit de cette reine capricieuse, le duc d’Anjou partit de Londres, le 1er février 1582. Élisabeth, pour continuer son jeu, voulut l’accompagner jusqu’à Cantorbéry. Elle lui fit compter une somme considérable, lui donna ses vaisseaux pour le transporter aux Pays-Bas, le chargea d’une lettre adressée au prince d’Orange qui témoignait pour lui de l’intérêt le plus vif, et le fit escorter par cent gentilshommes des plus qualifiés de sa cour, entre autres par son favori, le comte de Leicester, à qui elle persuadait qu’elle sacrifiait à l’amour une union qu’elle ne sacrifiait en réalité qu’à la prudence.

Le 10 février 1582,le duc d’Anjou débarquait à Flessingue, où il fut reçu avec de grands honneurs. La rigueur de la saison l’obligea de se rendre à pied à Middelbourg, où l’attendaient cinquante beaux navires, qui le conduisirent en triomphe par l’Escaut jusqu’à Anvers. C’était là que devaient s’accomplir les cérémonies de l’investiture. Elles furent splendides, dignes en toutes choses de l’opulence de cette cité fameuse, que la guerre appauvrissait sans l’épuiser, et qui tenait à paraître de-