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DOCUMENTS HISTORIQUES.

La conversation fut longue, et je dois avouer que j’insistai de la manière la plus pressante, à genoux, près du canapé où il était assis, et tenant ses deux mains dans les miennes.

« Mon cher enfant (il avait, comme sa mère, l’habitude de m’appeler ainsi, quoique je fusse plus âgé que lui), mon cher enfant, me disait-il en souriant, ne cherchons pas à copier les hommes de la Révolution. S’ils vivaient de nos jours, ils comprendraient, même les plus ardents, que ce n’est pas de l’audace qu’il faut, mais du respect des lois, et qu’on ne fonde pas la liberté avec des mesures despotiques. »

Je le confesse, dans le moment je ne fus pas convaincu ; mais je fus forcé au silence et à l’admiration devant cet homme qui se révélait à moi avec une grandeur de caractère que nous ne croyions guère possible que chez les héros de Plutarque. D’autres le pressèrent, comme je l’avais fait, et, ainsi que moi, ils le trouvèrent inébranlable. (Mémoires de M. Bastide. Encyclopédie moderne, tome VII, article Juin)



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