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DOCUMENTS HISTORIQUES.

personnes, je vous dirai que j’ai revu le citoyen Ollivier, et que j’ai eu avec lui un long entretien dont il vous fera part.

Je viens vous donner une parole sacrée, et qui ne doit après elle laisser aucun doute dans votre esprit ; savoir :

Que je ne m’occuperai jamais plus de fomenter des troubles contre les Français, ni par moi-même en personne, ni par mes paroles, ni par mes écrits, ni par aucun des miens, et cela pendant toute ma vie.

Je fais le serment devant Dieu, par Muhammed, Abraham, Moïse et Jésus-Christ, par le Tourat, l’Évangile, le Zabour et le Coran, par la Mecque et Médine, par la Terre-Sainte (Kodss) ; je le jure par le Bokhari et le Mosslem et par ce que nous avons de plus cher ; je le jure par le cœur et par la langue ; je renonce entièrement à m’occuper des affaires des Français.

Tous mes compagnons font le même serment, ceux qui signent ci-après, aussi bien que ceux qui ne signent point ne sachant point écrire, tous au nombre d’environ cent. Salut.

Signé  : Abd-el-Kader ben Mehheddin.

En date du 10 Rebïa sani 1264 (15 mars 1848).

Suivent les signatures.


abd-el-kader au gouvernement provisoire.


Louanges à Dieu seul et unique ; rien n’est durable si ce n’est son règne.

Aux appuis solides de la République qui gouvernent toute la France, et qui sont à son égard ce que les yeux et les bras sont au corps. Par eux le corps est mis en mouvement, et par eux aussi il reçoit ce qui lui convient, et est garanti de ce qui lui est nuisible.

Salut à ceux que Dieu a rendus honorables, et qui a voulu que leurs actions respirent le bien et le bonheur pour tous, qui les a doués du pouvoir d’être utiles au fort et au faible. Ils empêchent les forts de commettre l’injustice et de faire peser leur grandeur sur les faibles ; c’est un bien qui est tout à l’avantage des forts, et qu’au jour de l’éternité seulement, et devant Dieu, ils pourront reconnaître et apprécier : ils protègent les faibles qui, dans ce monde, n’ont point d’appui, et ils les préservent des injustices des grands.

Le citoyen Ollivier, votre délégué, est venu me voir hier, et m’a informé que les Français sont tous unis pour un seul et même but et qu’ils ont aboli la royauté pour que la France soit gouvernée par la République.

J’ai été réjoui en apprenant cette nouvelle, parce que j’ai lu dans les livres qu’un tel état de choses est convenable aux peuples, puisqu’il anéantit l’injustice et empêche le fort d’opprimer le faible, que