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DOCUMENTS HISTORIQUES.

sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.

Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose. Ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes comme tous les citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous. Toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes les dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents...

La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune.

La garantie des droits de la femme est pour l’utilité de tous, et non pour l’avantage particulier de celles à qui elle est accordée. La femme concourt ainsi que l’homme à l’impôt public ; elle a le droit, ainsi que lui, de demander compte à tout agent public de son administration.

Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la garantie des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la nation n’a pas coopéré à sa rédaction.

Femmes, réveillez-vous, le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ! Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonge. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. Ô femmes, femmes ! quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption, vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit. Que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme… Réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; opposez la force de la raison à la force matérielle, et vous verrez bientôt ces orgueilleux non pas ramper à vos pieds comme de serviles adorateurs, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême.