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AU LECTEUR

« Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent mon livre, mon commentaire, mon histoire. Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue et toujours un chez moi à la bouche. Ils feraient mieux de dire notre livre, nôtre commentaire, notre histoire, vu que d’ordinaire il y a plus en cela du bien d’autrui que du leur. »

Que de fois, durant le cours de cette publication, ne me suis-je pas rappelé le conseil du moraliste, en pensant qu’il s’adressait à moi plus qu’à tout autre. L’Histoire de la Révolution de 1848, si imparfaite qu’elle reste encore, n’aurait jamais pu être achevée, en effet, sans le concours d’un très-grand nombre de personnes, dont les récits, le témoignage, les avis et les confidences m’ont rendu plus faciles l’exactitude et l’impartialité qu’on a bien voulu reconnaître dans mon travail, et qui en font à peu près tout le mérite. L’Histoire de la Révolution de 1848 est donc, en ce sens, une œuvre collective plutôt qu’une œuvre individuelle ; mais, bien que mon amour-propre n’ait pas à s’en féliciter, je considère cette condition, généralement incompatible avec la perfection d’une œuvre d’art, comme favorable, en ce cas particulier, au succès que j’ambitionne. J’ose, espérer qu’un livre où l’auteur disparaît complétement pour laisser parler les faits eux-mêmes n’en sera que plus propre à ré-