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HISTOIRE

couleurs germaniques et convoqué l’assemblée constituante, une lutte sourde, mais opiniâtre, avait commencé entre le parti rétrograde, qui cherchait à éluder les promesses du roi, le parti avancé, qui en voulait déduire toutes les conséquences, et les hommes d’opinions mixtes qui, souhaitant une transition ménagée entre l’ancien et le nouvel état, s’efforçaient de faire accorder les partis extrêmes.

La majorité de l’assemblée où les électeurs avaient envoyé, avec les hommes les plus libéraux de la bourgeoisie, un grand nombre d’ouvriers et même de paysans, était pénétrée du sentiment de son droit et d’un esprit franchement démocratique. Une camarilla hautaine, aveugle et obstinée influençait le roi dans le sens contraire. Entre la camarilla et l’assemblée, les divers ministres qui se succédèrent aux affaires, MM. de Camphausen, Hansemann, de Beckerath, d’Arnim, d’Auerswald, essayaient de concilier les vues opposées et soutenaient alternativement les prétentions du pouvoir royal et les droits de la Chambre.

Mais il n’était pas de conciliation possible entre un prince sans loyauté et une assemblée sans confiance. Le projet de constitution présenté par les ministres était, d’ailleurs, complétement inadmissible. Les discussions de l’assemblée, à laquelle le roi refusait la qualité de constituante et qui refusait à son tour à Frédéric-Guillaume le titre de roi par la grâce de Dieu, allèrent s’animant et s’envenimant de plus en plus, jusqu’au jour où le roi, qui voyait la révolution partout arrêtée en Allemagne, se crut en mesure de braver l’opinion, quitta Berlin, s’établit à Postdam, et de là, après avoir fait prendre au général Wrangel les dispositions militaires nécessaires pour réduire au besoin sa capitale, promulgua un décret (8 novembre) qui suspendait les séances de l’assemblée et la transférait à Brandebourg, sous le prétexte qu’elle était opprimée à Berlin par les sociétés révolutionnaires.

L’assemblée ne voulut pas céder. Quand le comte de