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HISTOIRE

Malheureusement, une irrésolution extrême régnait à cet égard dans l’esprit de l’armée et dans les Conseils de la diète hongroise. On attendait l’appel de la diète autrichienne. Pensant qu’il ne pouvait tarder, deux fois le général hongrois passe la Laitha, et deux fois il revient en arrière. Les sociétés populaires de Vienne, à défaut de la diète, se résolurent enfin à réclamer les secours de la Hongrie. L’arrivée de Kossuth au quartier général de Pahrendorf vint donner l’impulsion décisive ; son éloquence triompha de toutes les hésitations. Malgré l’avis du général Moga, malgré l’opinion formelle du colonel Gœrgey, qui démontre l’impossibilité de vaincre une armée régulière avec des troupes levées à la hâte et mal exercées, Kossuth déclare que l’honneur et le devoir commandent impérieusement et à tous périls de secourir les Viennois insurgés pour la Hongrie. Il décide le passage de la Laitha.

Le 30 octobre, l’armée hongroise qui compte en tout trente mille hommes, dont seize mille seulement de troupes disciplinées, attaque à Schwechat les forces réunies de Windischgrætz, de Jellachich et d’Auersperg, s’élevant à soixante mille hommes. L’infériorité numérique des troupes hongroises est rendue plus sensible encore par les mauvaises dispositions stratégiques du général Moga, par l’irrésolution des officiers, par l’indiscipline et l’inexpérience des jeunes recrues. Un ordre mal compris jette, la confusion dans leurs rangs, et Moga se décide à battre en retraite.

Comme on entendait à Vienne le canon de Schwechat, le peuple, qui se croit enfin secouru par les Hongrois, force la municipalité à déchirer la capitulation qu’elle vient de signer avec Windischgrætz. La générale bat dans les rues ; on court aux armes. On s’apprête au combat, mais Messenhauser n’ose commander une sortie qui, peut-être, en prenant l’armée autrichienne à revers, aurait changé le sort de la bataille, et les Autrichiens, sans s’amuser à poursuivre les Hongrois qu’ils ont mis en déroute,