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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

dération germanique. Une armée confédérée, sous les ordres du général Wrangel, était entrée sur le territoire schleswig-holsteinois, et la campagne avait eu des succès divers ; mais l’opinion publique, très-favorable à l’indépendance des duchés, accusait le roi de Prusse de conduire trop mollement la guerre et le soupçonnait presque de trahison. Lorsqu’on apprend à Francfort que Frédéric-Guillaume vient de signer un armistice de sept mois, le peuple, à l’instigation de la minorité, se soulève contre la majorité de l’assemblée qui a ratifié l’armistice. On élève partout des barricades ; on se bat pendant douze heures avec courage. Deux députés de la droite, le prince Lichnowsky et M. d’Auerswald, sont impitoyablement massacrés par le peuple ; mais bientôt les insurgés, mal secondés par les députés qui les ont provoqués, abandonnés à eux-mêmes, enveloppés par les troupes hessoises, autrichiennes, prussiennes et wurtembergeoises accourues à l’appel de l’assemblée, sont vaincus ; l’état de siége est proclamé.

On apprend sur ces entrefaites que l’insurrection républicaine commandée par Struve dans le grand-duché de Bade est complétement dispersée. En de pareilles conjonctures l’appui moral du parlement de Francfort n’était plus d’une grande importance pour l’insurrection de Vienne. Néanmoins la population viennoise était encore pleine de confiance. On continuait avec ardeur les préparatifs pour soutenir un long siége. Le camp insurrectionnel de Vienne comptait environ quarante mille hommes ; un officier polonais, le colonel Bem, a pris le commandement de la garde mobile ; il dirige, de concert avec Messenhauser, commandant de la garde nationale, les opérations stratégiques. Le blocus se resserre de plus en plus. Le général Windischgrætz a rassemblé soixante mille hommes autour de la ville. Le siége devient très-rigoureux, les assauts se multiplient ; mais la population résiste héroïquement ; elle attend avec une confiance absolue une prochaine et forte diversion de l’armée hongroise.