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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

des étudiants qui forme, depuis la révolution de mars, le noyau de tous les mouvements populaires, avec une masse d’ouvriers et de bourgeois rassemblés autour d’elle. Le combat commence ; les soldats, à demi gagnés, font volte-face. Le général Bréda qui les commande est tué. Le peuple se pousse en avant, chasse devant soi, de rue en rue, la cavalerie envoyée pour le disperser, prend l’arsenal, s’empare de l’église Saint-Étienne que défend la garde nationale, pénètre dans l’hôtel du ministre de la guerre, le comte de Latour, et le tue ; puis enfin, après un combat sanglant qui dure trois jours entiers, il force le commandant militaire d’Auersperg à sortir de la ville.

Une partie de la diète autrichienne, qui siégeait depuis le 22 juillet et discutait un projet de constitution, quitte Vienne ; l’autre, très-affaiblie, très-indécise, entame des négociations avec la cour réfugiée à Olmütz[1]. Le gouvernement, suivant sa coutume, traîne les choses en longueur, place à la tête de l’armée le feld-maréchal Windischgrætz, qui vient de réprimer l’insurrection de Prague, le charge de bloquer Vienne, de concert avec Auersperg, et appelle à son secours le ban Jellachich. Cet instant est décisif : à la prise ou à la délivrance de Vienne se rattachent les dernières espérances de la révolution en Allemagne. Partout ailleurs la réaction triomphe.

Le parlement de Francfort, qui envoyait en ce moment à Vienne quatre délégués, MM. Robert Blum, Moritz Hartmann, Frœbel et Trampusch, pour donner à la population viennoise un gage de sa sympathie, n’était déjà plus capable d’exercer aucune influence.

Il avait perdu beaucoup de temps en intrigues et en discussions stériles. Les radicaux s’y étaient trouvés en mino-

  1. La diète demande qu’on retire le rescrit relatif aux affaires de Hongrie, qu’on révoque Radetsky et qu’on donne un gouvernement civil à l’Italie. Elle exige l’exil de l’archiduc Louis, de l’archiduchesse Sophie et de son mari, l’éloignement des troupes et un ministère démocratique.