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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

ment de l’empereur, convoque à Pesth une assemblée nationale élue selon la nouvelle loi, et, comme pour confirmer à l’avance la parfaite légalité de tout ce qui va s’y faire il vient l’ouvrir en personne et paraît dans la salle en donnant le bras aux deux ministres hongrois : Louis Batthiányi et Louis Kossuth.

L’un des premiers actes de cette diète qui se signala par tant d’énergie, de talent, de patriotisme, ce fut de pourvoir à la défense nationale, en votant, sur la demande de Kossuth, une levée de deux cent mille hommes. Le danger était pressant ; Jellachich venait de passer la Drave (11 septembre) à la tête de quarante mille hommes, et, forçant les lignes du faible corps d’observation hongrois que commande le comte Adam Teleki, il marchait rapidement sur Pesth. Le 20 septembre, on apprend qu’il est à Veszprim, sur les bords du lac Balaton (Plattensee) au cœur même du pays. Le cabinet de Vienne, rassuré par les succès de Radetzky en Lombardie, croit pouvoir lever le masque. Il désavoue le manifeste contre Jellachich ; les officiers de l’armée autrichienne restée en Hongrie, malgré les dispositions de la nouvelle constitution et les réclamations de la diète, accourant auprès du ban, se concertent avec lui, certains de se rendre ainsi agréables au gouvernement impérial.

Cependant la diète décide la formation d’un comité de défense, où Kossuth exerce l’influence principale et qui va bientôt devenir le véritable gouvernement du pays ; elle offre le commandement général des troupes hongroises à l’archiduc Étienne. Celui-ci feint d’accepter et se rend sur les bords du lac Balaton, afin, dit-il, d’entrer en conférence avec Jellachich et de le dissuader, s’il se peut, de la guerre ; mais le ban refuse l’entrevue ; l’archiduc, au lieu de revenir à Pesth, s’esquive, rentre dans Vienne ; presque aussitôt l’on apprend à Pesth qu’il abdique ; que le comte Lamberg, contrairement à la constitution, est nommé commandant en chef de toutes les troupes de la Hongrie et