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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

donnée à lui aux vengeances barbares d’un ennemi implacable.

L’armistice de six semaines, signé le 9 août, par le général piémontais Salasco, était dur et humiliant. Il rétablissait toutes choses dans l’état où elles se trouvaient avant la campagne, rendait aux Autrichiens les forteresses de Peschiera et de Rocca d’Anfo avec tout le matériel de défense. La flotte sarde devait quitter l’Adriatique ; Venise était abandonnée.

C’est alors que le marquis Ricci, envoyé piémontais à Paris, sollicite enfin du général Cavaignac l’intervention de la France. Milan et Venise, de leur côté, ont envoyé des délégués qui implorent un prompt secours. Le péril de l’Italie est grand, mais il peut encore être conjuré. Le gouvernement autrichien, très-inquiété par les mouvements de la Hongrie, ne se sent pas suffisamment raffermi par les succès de Radetzky pour refuser de traiter. La probabilité de l’intervention française l’effraye et le dispose à faire des concessions[1]. Il sait que l’armée piémontaise est encore presque intacte ; que l’esprit révolutionnaire, loin de s’être éteint, se ranime en Lombardie ; qu’à Venise enfin, le peuple, qui venait de voter avec une profonde douleur l’adjonction au Piémont, s’est soulevé en apprenant l’indigne capitulation de Milan, qu’il a chassé les commissaires sardes, annulé le vote de fusion, reconstitué la république, rétabli le triumvirat sous la présidence de Manin, et qu’il se dispose à une défense désespérée.

La diplomatie autrichienne n’a garde en de telles circonstances de se montrer exigeante. Elle n’a en ce moment qu’un but, c’est de tromper par des négociations d’une apparente bonne foi le gouvernement du général

  1. Depuis la victoire de Goïto, l’Autriche, par la bouche de son envoyé à Londres, le baron de Hummelauer, parlait d’abandonner la Lombardie jusqu’à l’Adige, en la laissant libre de se joindre au Piémont ou de se constituer en état séparé, et promettait de donner à Venise une constitution analogue à celle de la Hongrie.