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HISTOIRE

mille Italiens défont 12,000 Autrichiens ; mais ils sont contraints d’abandonner la position à des forces trop supérieures. Ils se retirent sur la rive droite du Mincio. Charles-Albert essaye à son tour de prendre les Autrichiens en flanc, de les repousser sur la rive droite du Mincio et de les séparer de Vérone. Si ce plan eût réussi, l’Italie était délivrée par une seule victoire ; il échoua. Radetzky remporta un avantage signalé à Custoza, où il sut habilement engager 45,000 hommes contre 25,000 Piémontais (25 juillet). Charles-Albert, déconcerté, bat en retraite et repasse le Mincio. C’est le signal de ses revers. Les soldats piémontais ont perdu confiance dans des chefs qui ne savent pas les conduire ; une mauvaise administration laisse l’armée manquer de tout ; elle reste plusieurs jours sans vivres et sans munitions ; elle se démoralise, se débande ; Charles-Albert est atteint lui-même d’un abattement profond. Bien qu’il n’ait pas éprouvé de très-grandes pertes, bien que son artillerie et sa cavalerie soient encore presque intactes, il se retire précipitamment devant l’ennemi ; sous prétexte de couvrir Milan, il abandonne la ligne de l’Adda. Le 3 août, il arrive devant Milan, dont la population qui compte sur lui se prépare à faire une résistance énergique. Les Milanais n’ont rien perdu de leur ardeur première ; ils sont décidés, plutôt que de se rendre à Radetzky, à s’ensevelir sous les ruines de la ville. On fait à la hâte des travaux de tranchée ; déjà de fortes barricades s’élèvent dans les rues. Un comité de défense, investi de pouvoirs extraordinaires, dirige ces préparatifs ; il arme les citoyens qui s’animent et s’exhortent au combat. Charles-Albert, un moment entraîné par l’exaltation des Milanais, jure de les sauver ou de mourir avec eux. Mais à deux jours de là, cédant aux conseils de ses généraux, il fait proposer à Radetzky, qui a pris Crémone, et qui, à la suite d’un faible engagement, a pénétré les lignes de l’armée piémontaise, de lui ouvrir les portes de Milan, quitte furtivement la ville et rentre dans ses États, livrant la population héroïque qui s’est