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HISTOIRE

néral Pepe de faire la plus grande diligence. En quittant Paris, le général avait reçu de M. de Lamartine l’assurance que la France ne se bornerait pas à former des vœux, mais qu’elle tirerait son épée pour l’indépendance italienne. Il se croyait assuré des sympathies de l’Angleterre, assez fort pour désobéir à un maître parjure et pour entraîner son armée. Mais sa désobéissance avait été prévue et le commandement des troupes lui était retiré. Hormis un seul bataillon qui lui resta fidèle, l’armée entière opéra sans hésiter son mouvement de retraite. Pepe, au désespoir, franchit à peu près seul la frontière et courut se jeter dans Venise pour partager du moins ses périls, puisqu’il ne pouvait plus autre chose pour elle.

Au moment où le roi de Naples trahissait si odieusement ses promesses et retirait à la ligue italienne les troupes et le subside qu’il s’était engagé à fournir, la diplomatie autrichienne et le parti des cardinaux réussissaient aussi à lui enlever l’appui du Saint-Père.

Lorsqu’on eut appris à Vienne que Pie IX envoyait en mission extraordinaire au camp de Charles-Albert un prélat dévoué à la cause de l’indépendance, le gouvernement conçut les plus vives alarmes. La sanction du pape donnait à la ligue un caractère sacré. Sa bénédiction transformait la guerre en croisade. L’alliance de Pie IX et de Charles-Albert, l’union de la plus grande autorité morale avec la force matérielle la mieux organisée, portait un coup mortel à une domination étrangère qui ne s’était soutenue jusque-là que par la mésintelligence des souverains, la rivalité des États, la division des forces de l’Italie.

Aussi le cabinet de Vienne usa-t-il pour rompre cette alliance et parer ce coup de toutes ses ressources. Connaissant l’esprit timide, mais sincèrement croyant de Pie IX, il déroba, en cette circonstance, l’action de la diplomatie sous les doléances de l’épiscopat ; les nonces du pape, à Vienne et à Munich, les cardinaux de l’Allemagne, les évêques furent mis en avant. On les poussa à faire au Saint-