timent chrétien, par les anciens membres du gouvernement provisoire, MM. de Lamartine, Ledru-Rollin, Crémieux, qui obéissaient évidemment, en le défendant, plutôt à une nécessité de situation qu’à une conviction sincère ; vigoureusement attaqué par MM. Dufaure, Goudchaux, Duvergier de Hauranne, Thiers ; compromis par un propos inconsidéré de M. Proudhon[1], le droit au travail fut remplacé dans la constitution par le droit à l’assistance, qui n’était qu’une formule un peu rajeunie de l’aumône, une sorte de constitution légale du paupérisme[2].
Convaincu qu’il venait ainsi de réduire à rien les dernières traces de la révolution sociale, le parti dynastique rassembla toutes ses forces pour tenter une vigoureuse attaque contre la révolution politique, en donnant à la République la forme la plus voisine de la monarchie. MM. Thiers, Duvergier de Hauranne, Odilon Barrot, soutinrent le principe de la division de la représentation nationale en deux Chambres. À l’appui de leur opinion, ils invoquèrent l’exemple de l’Angleterre et surtout celui des États-Unis ; ils représentèrent avec beaucoup de vivacité le danger des entraînements d’une assemblée unique, d’un pouvoir non balancé et tendant nécessairement au despotisme ; mais l’Assemblée ne se montra sensible à aucune de ces considérations. Elle était alors dominée par un sentiment très-opposé à la pondération des pouvoirs et se préoccupait assez peu des dangers que pouvait courir la liberté. Créer un pouvoir fort, c’était à ses yeux tout le secret de constituer l’État. M. Marrast, au nom de la majorité républicaine, soutint avec talent le principe de la représentation unique. Après
- ↑ M. Proudhon avait dit dans le comité du travail : « Donnez-moi le droit au travail et je vous abandonne le droit de propriété. »
- ↑ Voici quelle fut la rédaction adoptée par l’Assemblée : « La République doit par une assistance fraternelle assurer l’existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail, dans les limites de ses ressources, soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler. »