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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Adam. Dans l’intervalle, il a reçu une dernière dépêche du général Lamoricière qui l’adjure de ne consentir à aucune capitulation. Si l’armée, victorieuse enfin, après trois jours de combats héroïques, n’obtenait pas la reddition du faubourg sans condition, elle serait humiliée, démoralisée à jamais. C’est la conviction du général Lamoricière.

Depuis ses derniers succès au faubourg Saint-Denis, il traite d’insensé, de traître, quiconque lui parle de capitulation. Il a repoussé à plusieurs reprises des représentants, des officiers de la garde nationale qui sont venus lui parler dans ce sens. Tout à l’heure, il n’a répondu que par une exclamation d’une énergie soldatesque à un officier d’ordonnance du général Perrot, qui vient lui demander s’il faut accepter les propositions des insurgés. Il est résolu, dit-il, à se faire tuer plutôt que de céder. Cette résolution est trop conforme au sentiment du général en chef pour qu’il hésite à l’adopter.

Le général écoute avec froideur les propositions de M. Raymond des Mesnars. D’autres députations, qui parlent un langage plus hautain, s’attirent des réponses plus sévères. C’est en vain que M. Raymond des Mesnars insiste pour que les conventions, qui semblaient acceptées par M. Senard, soient maintenues. Le général Cavaignac, au nom de la République, au nom de l’Assemblée nationale, au nom du Peuple lui-même, dont il défend le droit et l’honneur, déclare qu’il ne saurait pactiser avec la révolte. Il parle avec chaleur, avec une éloquence puisée dans une conviction inébranlable. Il s’attache encore à faire comprendre aux insurgés l’étendue de leur faute et ses conséquences funestes ; il va jusqu’à leur démontrer l’impossibilité pour eux de résister plus longtemps à l’armée : « Croyez-moi, leur dit-il, je suis soldat, je connais mieux que vous vos ressources et vos chances de succès. Vous êtes cernés de toutes parts ; vous ne pouvez plus échapper à la mort, à la ruine ; vous ne pourrez plus qu’entraîner avec vous,