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HISTOIRE

est dévoué à la République[1] ; les ouvriers ne combattent pour aucun prétendant, mais uniquement pour défendre le gouvernement républicain qu’ils croient en péril. On leur parle de doctrines anti-sociales ; ils ne les connaissent pas. Ils les repousseraient avec indignation ; et ce témoignage mérite croyance, car, depuis soixante-douze heures qu’ils sont maîtres du faubourg, pas un acte contre la propriété n’a été commis, pas une menace n’a été proférée par ces hommes armés qui manquent de pain. »

Les délégués conjurent M. Senard de se faire leur médiateur ; ils lui promettent que le faubourg se rendra, qu’il détruira lui-même ses barricades, à la condition que les armes ne seront pas enlevées militairement aux combattants, mais qu’ils les déposeront, après la pacification, dans les mairies.

Ils demandent aussi qu’il ne soit pas fait de prisonniers immédiatement et qu’on n’ôte la liberté qu’aux hommes que la justice devra atteindre, comme coupables d’excitation à la révolte, lis expriment enfin le désir qu’une proclamation, rédigée par les parlementaires, approuvée par M. Senard, soit portée sur l’heure à l’imprimerie de l’Assemblée et affichée dans le faubourg.

Le président consent à demi ; il supplie à son tour les délégués de rentrer, en enfants soumis et repentants, dans le sein de la République. Leur ayant fait servir quelques rafraîchissements, il porte avec eux un toast à la République démocratique et sociale, en donnant de cette formule une explication qui paraît acceptée. Puis, il conduit lui-même les délégués au général Cavaignac.

Ici l’accueil est tout différent. Le général a entendu le rapport du général Perrot ; il a causé avec M. Edmond

  1. Les ouvriers du faubourg Saint-Antoine étaient persuadés que la République était attaquée par les royalistes. À plusieurs reprises, ils exprimèrent un étonnement singulier en entendant la garde nationale et la garde mobile crier en montant à l’assaut des barricades ; « Vive la République ! »