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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

délégués du peuple étaient en conférence avec M. Senard. Leur langage s’était modéré ; ils n’imposaient plus de conditions.

En quittant le faubourg Saint-Antoine, M. Raymond des Mesnars avait envoyé aux chefs de section un avis ainsi conçu :


« Le citoyen Raymond, fourrier de la 6e compagnie du 4e bataillon, parlementaire des combattants du faubourg, prie tous les chefs de barricades de ne recommencer les hostilités que s’ils étaient attaqués eux-mêmes. Il peut se faire que les citoyens otages ne soient de retour que demain matin.

« Au camp, devant le faubourg, 25 juin 1848. »


Il apportait à M. Senard une adresse signée de plusieurs chefs de barricades :


« Citoyen président, disait cette adresse, nous ne désirons pas l’effusion du sang de nos frères. Nous avons toujours combattu pour la République démocratique. Si nous adhérons à ne pas poursuivre la sanglante révolution qui se prépare, nous voulons aussi conserver nos titres et nos droits de citoyens français. »

Au-dessous des signatures apposées à l’adresse on lisait ces mots :

« Les vœux exprimés ci-dessus nous paraissent si justes et si d’accord avec les nôtres, que nous nous y associons complètement, croyant que personne ne verra dans cette adhésion un acte de faiblesse.

« Signé : Larabit, Druet-Desvaux,
Galy-Cazalat. »


L’entretien des délégués du faubourg avec le président de l’Assemblée dura plus d’une heure. M. Senard a déclaré depuis qu’il avait été plusieurs fois pendant cet entretien ému jusqu’aux larmes. L’accent de ces hommes était d’une grande sincérité. « Le faubourg Saint-Antoine, disaient-ils,