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HISTOIRE

conditions : « Nous nous sommes battus pour nos principes, comme vous pour les vôtres, disent-ils ; nous ne sommes pas vaincus ; vous n’êtes pas parvenus à entrer ce soir dans notre faubourg, vous n’y entrerez pas demain. Nous offrons une capitulation, non une soumission ; nous voulons rester armés et libres. » Puis ils exposent, de la manière la plus nette, les conditions auxquelles ils entendent capituler.

Ils exigent :

1o Que le décret sur les ateliers nationaux soit rapporté ;

2o Que l’Assemblée nationale décrète le droit au travail ;

3o Que l’armée soit éloignée de Paris à une distance de quarante lieues ;

4o Que les prisonniers de Vincennes soient élargis ;

5o Que le peuple fasse lui-même la constitution de la République.

Il n’y avait guère moyen de s’entendre sur de pareilles bases. Le général Perrot et le ministre en posaient de bien différentes : ils demandaient la délivrance immédiate des représentants retenus prisonniers ; la destruction des barricades, par les insurgés eux-mêmes ; le désarmement du faubourg et son occupation par la troupe.

On essaye, pendant plus d’une heure, d’arriver, de part et d’autre, à une transaction. M. Recurt était d’avis de faire des concessions considérables. Dans ses entretiens particuliers avec les délégués, il leur avait promis l’amnistie. Sur ses instances, on préparait la rédaction d’une capitulation en forme, quand M. Edmond Adam, qui tenait la plume, la jette loin de lui, déclare qu’il ne se reconnaît pas le pouvoir d’entrer ainsi en composition avec une insurrection vaincue et qu’il faut en référer au général en chef.

Le général Perrot adopte cet avis et veut, lui-même, aller prendre les ordres du général Cavaignac. M. Edmond Adam se rend, de son côté, à l’hôtel de la présidence. Déjà le colonel Larabit, M. Raymond des Mesnars et trois autres