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HISTOIRE

situation devient, d’ailleurs, de plus en plus difficile. Les troupes qu’on attend impatiemment ne paraissent pas. Les munitions s’épuisent avec une rapidité effrayante ; au bout de cette première journée, il ne reste presque plus rien d’un approvisionnement de trois cent mille cartouches[1]. On est douze heures sans nouvelles du colonel Martimprey, envoyé à Vincennes pour y chercher des munitions et de l’artillerie. Parti la veille, à onze heures et demie du soir, à la tête d’un régiment d’infanterie et d’un régiment de cuirassiers, le colonel Martimprey n’est arrivé à Vincennes qu’à quatre heures et demie du matin, à cause des détours qu’il lui a fallu faire pour ne pas se laisser surprendre par les insurgés, maîtres de tout le faubourg Saint-Antoine. À onze heures et demie du matin seulement, il ramène à Paris, les canons, les boulets, les bombes, les obus dont on va faire usage pour assiéger en règle et réduire la ville insurgée.

Le 24, à dix heures, le combat recommence partout à la fois. Comme la veille, les principaux engagements ont lieu sur trois points : dans la Cité, dans le haut des faubourgs Saint-Denis et Poissonnière, aux abords du Panthéon.

Dans la Cité, les insurgés ont repris, pendant la nuit du 23 au 24, les positions enlevées par le général Bedeau. Les barricades qu’ils ont construites depuis la rue Planche-Mibray jusqu’aux rues Rambuteau, de la Tixeranderie, Cloche-Perce, etc., n’ont pu être ni ébranlées par le canon, ni emportées à la baïonnette. Deux pièces d’artillerie, mises en batterie sur la place du Châtelet et sur la place Saint-Michel, ont été forcées de reculer. Le général Duvivier, qui a fait avec tant d’éclat la guerre d’Afrique, semble déconcerté par cette guerre des rues. On le voit étudier

    revint dire à ses collègues que désormais il n’éprouvait plus de craintes sur le résultat final de la lutte, le général Lamoricière répondant de tout.

  1. « Les cartouches fondaient comme de la neige, » dit le général Cavaignac dans son discours du 26 novembre.