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HISTOIRE

cutif aurait manqué à la fois à son devoir et à son honneur en se retirant devant une sédition et devant un péril public. Elle se retire seulement devant un vote de l’Assemblée. En lui remettant les pouvoirs dont vous l’avez investie, elle rentre dans les rangs de l’Assemblée nationale pour se dévouer avec vous au danger commun et au salut de la République. »

Ainsi tomba, à la suite de quelques intrigues de parti, mais surtout devant le désir, le besoin général d’un pouvoir fort, la commission exécutive nommée le 10 mai par l’Assemblée.

Elle ne se retira pas glorieusement, comme l’avait fait le gouvernement provisoire ; l’Assemblée ne songea pas à décréter qu’elle avait bien mérité de la patrie ; mais elle put emporter du moins, malgré les calomnies auxquelles elle se vit en butte, la conscience d’avoir suivi l’exemple qui lui avait été légué, de modération dans l’exercice du pouvoir et de respect pour les libertés publiques.

Accusée avec violence, par deux partis passionnés, incapables en ce moment de toute justice, la commission exécutive, si elle manqua d’unité, d’initiative et d’un grand sens politique, ne fut coupable de presque aucune des fautes qui lui furent si amèrement reprochées. Des hommes tels que MM. de Lamartine, Arago, Garnier-Pagès, ne furent pas des despotes ; eussent-ils voulu l’être, ils ne l’auraient pas pu, en présence d’une Assemblée dont ils dépendaient de la manière la plus complète. Ils ne furent pas davantage des sybarites, gorgés d’or et repus de festins ; tout au plus, quelques-uns d’entre eux commirent-ils de légères fautes de goût, en souffrant qu’on ornât le palais du Luxembourg de meubles qui avaient décoré les appartements des princes ; moins encore étaient-ce des démagogues, comme le disait la presse dynastique, ou des hommes inhumains, ennemis du peuple, comme on l’imprimait dans les feuilles révolutionnaires.

C’étaient, comme j’ai tâché de le faire voir, des hommes