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HISTOIRE

pris un caractère politique beaucoup plus prononcé, délibérait également sur le renvoi de la commission exécutive et entrait, par l’entremise de M. d’Adelsward, en relations avec le général Cavaignac.

La réponse du ministre de la guerre aux membres de ces deux réunions fut la même. Le général était convaincu, disait-il, des inconvénients nombreux que présentait le partage du pouvoir dans les circonstances actuelles ; il était à la disposition de l’Assemblée, si elle avait confiance en lui ; mais il entendait agir loyalement envers la commission exécutive, dont il était en ce moment le subordonné, et ne voulait entrer en arrangement que sous la condition expresse qu’elle en serait prévenue.

Cependant l’opinion publique était si favorable à la formation d’un nouveau pouvoir, que, le 23, dès qu’on vît éclater l’insurrection, le bruit se répandit que le général Cavaignac était nommé chef du pouvoir exécutif. Ce bruit était prématuré. Nous avons vu que la commission, pressée de se retirer, avait répondu qu’elle ne pouvait consentir à se déshonorer en abandonnant son poste à l’heure du péril ; mais, le 24, de grand matin, tout changea de face. L’insurrection prenait manifestement l’offensive ; elle cernait l’Hôtel de Ville. Le général Duvivier, qui remplaçait le général Bedeau, déclarait que, sans des renforts considérables, il ne pouvait plus tenir ; enfin, ce qui fut décisif, M. Recurt faisait savoir que la garde nationale, qui n’avait pas de confiance dans la commission exécutive, ne marcherait pas si l’on ne déclarait Paris en état de siége et si l’on ne concentrait tous les pouvoirs entre les mains du général Cavaignac.

Forts de cette déclaration, quelques représentants se rendent, à huit heures du matin, au conseil de la commission exécutive ; ils lui annoncent ce qui se passe ; ils ajoutent que la réunion du Palais-National et celle de la rue de Poitiers sont d’accord pour porter au pouvoir le général Cavaignac ; ils demandent, enfin, positivement à la com-