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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Ville, et que le lendemain, à six heures, on recommencera l’attaque. Puis Cavaignac remonte à cheval et va rejoindre sur la place de la Sorbonne le général Damesme.

Il le trouve assis au bivac, tranquille sur l’issue définitive du combat. La journée a été chaude pourtant ; faute des renforts qu’il a inutilement envoyé demander à cinq ou six reprises, il n’a pu prendre l’offensive. La lutte s’est concentrée autour du Panthéon. On a perdu beaucoup de monde à l’attaque des barricades de la rue des Grès, de la rue des Mathurins, du carrefour Buci, de la place Cambrai. Le 10e et le 25e bataillon de la garde mobile, toujours les premiers au feu, ont essuyé des pertes considérables. Le 23e a pris, à lui seul, onze barricades ; mais une compagnie a été désarmée, rue Mouffetard. La garde nationale est presque tout entière avec les insurgés ; les munitions manquent. Le petit nombre des gardes nationaux qui ont répondu à l’appel, en voyant combien l’affaire est sérieuse, abandonnent leur poste et disparaissent. Le général se dispose à attaquer le lendemain le Panthéon, où les insurgés se sont retranchés ; il répond, s’il reçoit du renfort, qu’il se rendra maître de tout le quartier Saint-Jacques.

Cependant l’Assemblée nationale s’était réunie à l’heure ordinaire. Elle est gardée par des forces imposantes. Toutes les issues de la place de la Concorde sont occupés par des détachements de la garde mobile. L’entrée du pont est défendue par deux pièces de canon ; d’autres sont braquées sur le quai d’Orsay et stationnent tout attelées devant le péristyle. Les abords de la place de Bourgogne sont protégés par de l’artillerie, par les dragons du 2e régiment, que commande M. de Goyon, et par plusieurs compagnies d’infanterie de la ligne. Les sentinelles sont retirées à l’intérieur ; les consignes les plus sévères sont données ; la circulation est interrompue ; on ne passe plus qu’avec des permis signés des autorités, ou sous l’escorte de quelque garde national. On craint une surprise à l’Assemblée. Déjà les insurgés ont essayé quelques barricades pour cou-