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HISTOIRE

un travail utile et approprié à nos professions qui manque à nos bras. Nous le demandons, nous l’appelons de tous nos vœux.

« Vous demandez la suppression immédiate des ateliers nationaux, mais que fera-t-on des cent dix mille travailleurs qui attendent chaque jour de leur modeste paye les moyens d’existence pour eux et leurs familles ? Les livrera-t-on aux mauvais conseils de la faim, aux entraînements du désespoir ? Les jettera-t-on en pâture aux factieux ? Ouvriers appelés à la construction de l’édifice social, organisez, instruisez, moralisez les ateliers nationaux, mais ne les détruisez pas ! »

Dans le même temps ils rédigent, de concert avec les délégués du Luxembourg, la proclamation suivante :


RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
à tous les travailleurs.

« Nous, délégués des ouvriers au Luxembourg, nous, voués corps et âme à la République, pour laquelle, comme vous tous, nous avons combattu, nous vous prions, au nom de cette liberté si durement achetée, au nom de la patrie régénérée par vous, au nom de la fraternité, de l’égalité, de ne pas joindre vos voix et votre appui à des voix anarchiques, de ne pas prêter vos bras et vos cœurs pour encourager les partisans d’un trône que vous avez brûlé ! Ces hommes sans âme, sans conviction, amèneraient inévitablement l’anarchie au milieu du pays, qui n’a besoin que de liberté et de travail.

« Nul ne doit prétendre désormais qu’au plus beau de tous les titres, à celui de citoyen. Nul ne doit essayer de lutter contre le véritable souverain, le peuple.

« Le tenter serait un exécrable crime, et quiconque l’oserait serait traître à l’honneur et à la patrie.

« La réaction travaille, elle s’agite ; ses nombreux émis-