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HISTOIRE

« Ce qui manquait aux ouvriers, continue M. Goudchaux, ce qui leur manque encore aujourd’hui, c’est l’instruction gratuite à tous les degrés ; c’est une part au crédit, qui jusqu’à ce jour n’a existé que pour une certaine classe de la société, il faut aussi les décharger des impôts trop onéreux. Il faut réformer enfin toutes les lois destinées à protéger le travail. Vous avez déjà réformé la loi des prud’hommes ; d’une loi injuste vous avez fait une loi juste. Vous ne pouvez pas donner immédiatement l’instruction et le crédit, mais vous pouvez prendre l’engagement immédiat de les donner, et porter dans votre budget des sommes suffisantes pour réaliser ce que vous promettez. »

M. Goudchaux confesse qu’on a trop différé, qu’on n’a pas exprimé d’une manière assez complète, ce qu’on voulait faire pour la classe des travailleurs. À toutes ces propositions, que l’Assemblée écoute avec quelque étonnement, il ajoute une conclusion qui rachète aux yeux de la droite tout ce qui précède. « Il faut, dit M. Goudchaux, que les ateliers nationaux disparaissent immédiatement à Paris ainsi qu’en province. Il ne faut pas qu’ils s’amoindrissent, répète-t-il, comme s’il craignait qu’on ne le comprît pas assez, il faut qu’ils disparaissent. »

Il demande enfin que cette question soit portée sans retard devant la commission exécutive, et qu’une proclamation adoptée par l’Assemblée entière établisse, dans des termes clairs, positifs et très-formels, ce qu’on fera pour les ouvriers.

« On a trop cru, dit en terminant M. Goudchaux, que l’on pouvait ajourner la solution. Il fallait la résoudre immédiatement. On a perdu du temps, il n’en faut plus perdre. Il faut résoudre, aujourd’hui même, la question des ateliers nationaux. Si vous ne la résolvez pas, la République périra, et la société passera par un tel état de choses que je ne veux pas vous le dépeindre. Le sol sous vous est maintenant très-miné. J’ai jeté la sonde et je pourrais vous en dire la profondeur ! »