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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

la crise électorale, et amenèrent le résultat le plus surprenant qui se pût imaginer.

Pendant que les ateliers nationaux et les délégués du Luxembourg, réconciliés par l’entremise de quelques ouvriers intelligents, qui voyaient le prolétariat se perdre faute de concert, nommaient MM. Pierre Leroux, Proudhon et Charles Lagrange, une partie de la bourgeoisie, constante dans sa reconnaissance pour le préfet de police, se joignait aux ouvriers pour renvoyer à l’Assemblée M. Caussidière[1]. Les républicains modérés nommaient M. Goudchaux ; les hommes qui désiraient par-dessus toute chose la tranquillité votaient pour M. Moreau, maire du septième arrondissement, et pour M. Boissel. La réaction se donnait un chef militaire par l’élection du général Changarnier, et un chef politique, en la personne de M. Thiers, envoyé à la Chambre par quatre colléges.

Enfin un nom, sorti de l’urne dans trois départements, couvrit tous les autres de son éclat et retentit jusque dans les profondeurs du pays avec une puissance extraordinaire le nom du prince Louis-Napoléon Bonaparte.

  1. Voici le chiffre des voix obtenues par les candidats élus à la représentation nationale, le 5 juin 1848.
    MM. Caussidière. 146,400
    MM. Moreau. 126,889
    MM. Goudchaux. 107,097
    MM. Changarnier. 105.539
    MM. Thiers. 97,294
    MM. Pierre Leroux. 91,394
    MM. Victor Hugo. 86,965
    MM. Louis-Napoléon Bonaparte. 84,420
    MM. Lagrange. 78,682
    MM. Boissel. 77,247
    MM. Proudhon. 77,094