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HISTOIRE

lontés de l’Assemblée, on essayait de les rabaisser dans l’opinion, et de les tuer par le ridicule.

Quelques républicains éclairés, qui ne s’abandonnaient pas à leurs préférences ou à leurs antipathies particulières, et qui jugeaient sans passion l’état des choses, commencèrent à s’inquiéter sérieusement de ces revirements de l’opinion. On ne pouvait plus se dissimuler l’impopularité de la Commission exécutive. Il devenait fort à craindre que le côté droit, si on lui laissait prendre dans l’Assemblée l’initiative de l’attaque, ne retirât tout l’avantage d’un combat dont l’issue n’était guère douteuse. Il eût été souhaitable que la Commission, allant au-devant de ces difficultés, se retirât d’elle-même, pour faire place à un chef unique du pouvoir exécutif. C’était la seule manière, pensait-on, de mettre un terme aux progrès de la réaction, et de faire reprendre au gouvernement, dans l’Assemblée, une autorité que les tiraillements de la Commission exécutive avaient singulièrement compromise.

Entre les républicains politiques qui souhaitaient cette transformation, ce renouvellement du pouvoir, M. Martin (de Strasbourg) était le plus actif. Son caractère respecté de tous, son excellent esprit de conciliation, le rendaient plus qu’un autre propre à conduire une affaire de cette importance ; on l’en chargea. Après s’être assuré du consentement de M. Arago, qui semblait désigné par l’opinion, peu préparée encore à ce moment à l’acceptation d’un chef militaire, M. Martin (de Strasbourg) alla trouver les membres de la Commission. À plusieurs reprises il essaya de les persuader ; il invoqua leur patriotisme, leur honneur ; il fit valoir l’intérêt de leurs ambitions dans l’avenir ; mais chaque fois qu’il revenait à la charge, ses réflexions étaient moins goûtées, ses propositions repoussées avec plus de hauteur.

M. Marie et sa famille, se trouvant bien dans le palais du Luxembourg, ne comprenaient pas trop la nécessité d’en sortir. M. de Lamartine, irrité contre l’Assemblée, se croyait