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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Pendant que M. Caussidière parlait de la sorte et captivait l’attention de ses adversaires, la préfecture de police était cernée par ordre du pouvoir exécutif ; au lieu du décret d’organisation de la garde du peuple promis à M. Caussidière, au lieu d’un poste de cinquante hommes de gardes nationaux qu’on était convenu d’envoyer, le général Bedeau, le général Clément Thomas, à la tête de quatre bataillons de troupe de ligne et de quelques canons, venaient, accompagnés de M. Recurt, ministre de l’intérieur, sommer M. Mercier de quitter la place, ajoutant que, s’il n’y consentait pas de bon gré, l’ordre, était donné de s’en emparer par la force.

Le colonel Mercier, qui n’avait pas ajouté foi un seul instant aux promesses de MM. Arago et Garnier-Pagès, s’était occupé, depuis sa rentrée à la préfecture, de la mettre en état de défense. Pour toute réponse aux sommations du général Bedeau et aux clameurs des gardes nationaux qui sont accourus au nombre de douze à quinze mille hommes, en apprenant qu’on va mettre la main sur Caussidière, M. Mercier prie le général d’entrer, en compagnie de MM. Clément Thomas et Recurt, pour juger des dispositions prises à la préfecture et se convaincre de l’impossibilité d’en faire l’assaut.

En effet, tout était préparé pour soutenir un siége. Outre la garnison habituelle, il était arrivé des renforts de toutes les sociétés révolutionnaires. On avait des armes, des munitions, des vivres en abondance ; on comptait sur le peuple. La résolution, d’ailleurs, était prise, plutôt que de se rendre, quand on verrait tout perdu, de mettre le feu à la poudrière et d’ensevelir assiégeants et assiégés sous les décombres de la préfecture de police. La situation parut assez grave aux généraux pour les engager à transiger ; ils proposèrent à M. Mercier de les accompagner jusqu’à l’Assemblée, où se trouvait en ce moment le pouvoir exécutif, afin d’y prendre des instructions nouvelles. M. Caussidière, averti par son beau-frère de ce qui se passait, se plaignit à