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HISTOIRE

termes très-précis le consentement unanime, formel et irrévocable qu’elle venait de donner au gouvernement républicain :

« Le témoignage le plus éclatant en faveur de la République, dit-il, c’est que de ceux-là mêmes qui protestaient encore, il y a deux mois, contre la République, il n’y en a pas un qui proteste aujourd’hui ; c’est que leurs vœux sont unanimes et que, s’il est ici quelques citoyens qui, dans la sincérité de leurs consciences, aient proposé à la nation une autre forme de gouvernement il y a deux mois, aujourd’hui il n’y a qu’un seul cri, qu’une seule parole, qu’un seul hommage, qu’un seul sentiment au fond de tous les cœurs pour cette République éclairée, préparée, grandie et tellement universalisée qu’elle est partout reconnue, que, comme on l’a dit depuis longtemps dans de nobles paroles : la République est comme le soleil, aveugle qui ne la verrait pas ! » Un dernier cri de : Vive la République ! éclata encore à ces paroles, puis l’Assemblée se sépara. Cette belle journée, qu’on avait vainement tenté de troubler par des craintes et des menaces chimériques[1], s’écoula dans la joie et dans l’espérance d’un grand avenir.

Les trois jours suivants furent consacrés à la vérification des pouvoirs. L’élection contestée de M. l’abbé Fayet, évêque d’Orléans, montra les abus de l’influence cléricale dans toute leur immoralité. Refus d’absolution dans le confessionnal, recommandation d’un candidat dans la chaire évangélique, bulletins falsifiés distribués aux paysans qui ne savaient pas lire, aumônes politiques, tels étaient les moyens employés par les curés et les desservants des campagnes pour obtenir des voix à leurs supé-

  1. Le procureur de la République, M. Landrin, avait averti le gouvernement que les clubs tramaient quelque complot, et il avait demandé quatre mandats d’amener contre M. Blanqui et les siens ; mais le gouvernement s’y refusa. M. de Lamoricière, le matin même de l’ouverture de l’Assemblée, avait été demander au ministre de la guerre de prendre des mesures de défense.