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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

des étudiants, des étrangers, y fomentaient, depuis un certain temps, par des écrits clandestins et par une propagande orale assez confuse, une agitation et un mécontentement qui ne descendaient guère au-dessous de la classe bourgeoise. Une intrigue de cour favorisait cette agitation. L’archiduchesse Sophie, femme ambitieuse et rusée, voulait, par son mari, l’archiduc François-Joseph, ou par son jeune fils, régner en Autriche. D’obstacles à ses projets, elle n’en voyait qu’un : le prince de Metternich. Aussi travaillait-elle, de concert avec une partie de la noblesse qu’avait lassée la longue domination du vieux ministre et secondée par quelques membres influents du clergé, à discréditer une politique et des conseils où elle n’avait point assez de part. Bien qu’elle fût, dans le secret de sa pensée, plus absolutiste que le prince de Metternich, elle savait, dans l’occasion, parler le langage du libéralisme, et, loin de redouter les démonstrations populaires, elle y voyait un moyen de renverser le cabinet et de rendre nécessaire l’abdication d’un empereur incapable de gouverner par lui-même. Lorsque parvint à Vienne la nouvelle des événements de Paris, elle s’en réjouit parce qu’ils devaient précipiter une crise trop lente à son gré. Comme elle vit qu’en effet la population commençait à s’émouvoir et se rassemblait dans les rues aux cris de Vive la liberté ! à bas Metternich ! elle mit en œuvre toutes ses habiletés pour empêcher qu’aucune mesure sérieuse de répression ne fut prise par le gouvernement.

Le 12 mars, une pétition demandant la liberté de la presse et la convocation d’une assemblée fut présentée aux états de la basse Autriche. Le lendemain, des étudiants et des professeurs, réunis dans les salles de l’université, rédigent une pétition à peu près semblable. Les cours n’ont jamais hâte de répondre à ces sortes de demandes, et déjà les rassemblements populaires qui stationnaient sur la place publique, au lieu de s’irriter de cette longue attente, commençaient à se refroidir, quand des meneurs, parmi les-