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DE LA SECONDE ÉDITION

permise davantage ; car, si j’étais étrangère au parti que la Révolution allait confondre, je n’appartenais pas non plus à celui dont elle préparait le triomphe. Bercée dans mon enfance aux légendes des guerres vendéennes, attachée par des liens de famille à la branche aînée des Bourbons, mais ne gardant des princes de la maison d’Orléans que le souvenir d’un accueil aimable, l’étude, la calme étude des idées, non la haine des personnes, m’avait conduite à des opinions différentes de celles des miens. L’influence d’une éducation très-chrétienne m’inclinait vers les humbles, vers ceux qui souffrent, mais on ne m’avait point enseigné les formules du socialisme. J’admirais, dans l’histoire, le génie des républiques italiennes et l’héroïque liberté de la république batave, mais je connaissais peu la démocratie contemporaine et j’ignorais ses grands hommes. À l’exception de M. de Lamennais et de M. de Lamartine, je n’avais fréquenté ni les républicains qui formèrent le gouvernement provisoire, ni les républicains qui tentèrent de le renverser. Les rivalités du National et de la Réforme me touchaient aussi peu que les rivalités du Constitutionnel et du Siècle. Ce fut seulement après l’élection du prince Louis-Napoléon Bonaparte que mes travaux historiques me mirent en relations suivies avec le parti vaincu.

Je n’étais donc influencée, en retraçant la suite