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INTRODUCTION.

D’autres feuilles également populaires, mais rédigées dans un esprit un peu différent, leur répondirent[1]. Un débat régulier s’engagea, où les lois de l’industrie et de la politique étaient confondues. Dès lors il devint aisé de comprendre qu’une force nouvelle surgissait dans le pays, que la direction de l’esprit public n’appartenait plus au pouvoir officiel et que l’avenir de la France échapperait tôt ou tard aux mains de ceux qui la voulaient retenir à mi-chemin de sa carrière révolutionnaire.

En dehors du communisme proprement dit, on vit paraître vers la même époque, sous des noms différents, plusieurs systèmes dont le communisme était le but caché. Parmi ceux-ci l’on distingua bientôt le système de M. Buchez. L’un des fondateurs de la charbonnerie en 1821, M. Buchez, après avoir traversé le saint-simonisme, remontant au christianisme, s’efforça de le réconcilier avec le dix-huitième siècle, avec la Convention, avec le communisme moderne. Laborieux, persévérant, pénétré de la notion du devoir et du sacrifice, il fonda, avec l’aide de M. Roux-Lavergne, une école catholique-conventionnelle. Partant de Jésus-Christ pour arriver à Robespierre, cette école justifiait également l’Inquisition et le Comité de salut public, et concevait pour la société un idéal d’institution cénobitique qui séduisit dans les rangs populaires quelques hommes religieux et disposés à une sévère discipline morale. L’Histoire parlementaire, l’Européen et surtout l’Atelier, organes de l’école bu-

  1. Voir la Ruche populaire, l’Atelier, rédigé par MM. Peupin, Corbon, Danguy, Pascal, etc., en 1839.