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INTRODUCTION.

la propriété, subissait une altération profonde par l’abolition de l’hérédité et du mariage indissoluble.

Pendant quelque temps les prédications saint-simoniennes attirèrent la foule et gagnèrent à la doctrine de nombreux adeptes. Éloquentes et pénétrées d’une onction communicative, elles faisaient appel à la science, à l’industrie, à l’art, à la beauté sous toutes ses formes, promettant aux plus aimants, aux plus capables, un empire illimité et incontesté sur des âmes perpétuellement dilatées par le dévouement. En même temps de nombreux travaux d’examen historique et de vigoureuses attaques contre l’économie politique du libéralisme qui continuaient et dépassaient de bien loin la réaction commencée par M. de Sismondi dans son Traité d’économie politique, faisaient honneur à l’école et lui valaient l’estime des hommes sérieux[1]. Les dons affluaient et la propagande redoublait d’activité. Déjà l’on adoptait, pour les élever dans la foi saint-simonienne, des enfants de prolétaires, missionnaires futurs de la nouvelle doctrine, lorsqu’un schisme, longtemps étouffé par le commun effort des disciples, éclata entre les deux chefs du saint-simonisme et porta un coup mortel à leur apostolat. Enfantin, dont l’influence magnétique était toute-puissante sur ceux qui l’approchaient, aspira ouvertement au rôle de révélateur et voulut fonder une religion dont le principal dogme, la réhabilitation de la chair, conduisait à

  1. Voir la collection du Globe, revue passée des mains des doctrinaires sous la direction de MM. Michel Chevalier, Pierre Leroux et Jean Raynaud, et les travaux de MM. Buchez, Carnot, Charles Duverner, Émile Barrault, Charton, Margerin, Rodrigues, Abel Transon, etc., etc.