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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

gouvernement provisoire n’est pas d’avoir proclamé ce devoir et sa résolution de l’accomplir, mais d’avoir abusé le prolétariat par un vain appareil dans les conférences du Luxembourg et par une organisation vicieuse et stérile dans les ateliers nationaux[1]. Trompé lui-même par ces deux concessions très-grandes, en apparence, aux besoins du moment, il crut avoir dégagé sa conscience et négligea les ressources réelles que lui eussent présentées, sans alarmer personne, la réduction systématique des dépenses et la répartition judicieuse des travaux utiles par toute la France. J’ai indiqué ailleurs ce qui aurait pu se faire ; il me reste à montrer ce qui a été fait.

On a vu que, le 25 février, le gouvernement provisoire rendait un décret par lequel il garantissait l’existence de l’ouvrier par le travail. Le décret qui instituait les ateliers nationaux fut rendu le 27 ; le 28, le ministre des travaux publics annonçait à tous les travailleurs sans ouvrage (ils étaient à ce moment au nombre de 7 à 8,000) que des travaux importants allaient être entrepris sur divers points, et que les maires des douze arrondissements seraient chargés de recevoir les demandes d’ouvrage et de diriger les ouvriers vers les chantiers. Les travaux en cours d’exécution et qui pouvaient fournir immédiatement de l’emploi, n’étaient pas considérables[2] ; le nombre des travailleurs

  1. En 1846, les misères amenées par la mauvaise récolte et les désastres causés par l’inondation donnèrent l’idée à un ingénieur M. Boulangé, d’établir pendant l’hiver des ateliers de secours sur plusieurs routes du département de la Loire. « Une meilleure exécution des travaux, un bien-être passager, eussent-été, dit M. J. J. Baude (Revue des Deux-Mondes, 18e année, t. 23) les moindres résultats de cette mesure : la véritable utilité de cette expérience a consisté dans les idées nouvelles qu’elle a semées parmi ceux qui l’ont faite. »
  2. C’étaient : 1o  les travaux de déblaiement des terrains communaux et de nivellement de la place de l’Europe où l’on occupait 1,500 ouvriers ; 2o  les travaux de terrassement exécutés au quai de la Gare, qui employaient 5 à 600 hommes ; 3o  le remblai des carrières de Chaillot, la construction en rivière des chemins de halage, le redressement et le nivellement de quelques routes, l’empierrement des chemins de ronde où l’on pouvait occuper de 1,000 à 1,200 ouvriers ; 4o  l’atelier du